Mini Mil Kil 2009 : J'ai couru au milieu des étoiles
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- Créé le vendredi 28 août 2009 08:53
- Écrit par Vincent Toumazou
Sur la route de la Badwater 2010, la Mini Mil Kil (200km entre Rodez et Sète, 3200m de dénivelé positif cumulé) s'est imposée comme passage obligé par sa ressemblance à des milliers de kilomètres de la Death Valley. Et en cette fin août, la météo va être notre alliée. En faisant grimper très haut le mercure des thermomètres, elle va transformer ce qui aurait pu n'être qu'une simple balade en une véritable répétition générale, chaleur et difficultés du parcours comprises. Plus de 26 heures d'efforts vont couvrir de succès cette aventure partagée empreinte d'humanité et de bonheurs simples. Comme un rêve éveillé dans une nuit d'étoiles...
Rodez, km000, dimanche 23 août 2009, 8h00...
Après une nuit à l'hôtel où je n'ai que peu dormi, moins de deux heures par morceaux à coup sûr, je retrouve toute l'équipe pour un dernier rapide briefing au petit déjeuner. De ce groupe pour la Badwater 2010, il ne manque que Kermit qui habite à des milliers de kilomètres, au sud de San Francisco. Nathalie et Philippe à la supervision, Pascal pour les images, Benoît et Jean-Pierre en pacers, tous connaissent leur rôle et s'y investissent. Pour moi, c'est super de faire ce constat : je n'ai plus qu'à courir. Eux sauront répondre à ma seule exigence, simple et limpide : on fonctionne comme sur la Badwater. Ainsi, je souhaite courir seul les 30 premiers kilomètres et pouvoir ensuite disposer de pacers. Et puis, il faut une voiture au contact qui fasse des stops tous les 2 kilomètres environ avec vêtements de rechange et alimentation. Comme la grosse chaleur est annoncée, on a même prévu une glacière remplie de glaçons en vue de faire les bandanas rafraîchissants. Nous voilà donc au début de la seule vraie répétition générale avant 2010 : format de course proche (distance et profil très vallonné), chaleur intense. Nous avons donc décidé que je ne jouerai pas la course mais que nous allons faire comme une Badwater sans que je m'occupe de la place ou de mon temps. Voilà qui me plait...
A 8 heures pétantes, nous sommes moins d'une vingtaine à nous élancer. Les absents auront eu tort... J'ai fait connaissance avec ces compagnons de fortune la veille au briefing. Je suis content d'y aller, impatient d'être au cœur de l'effort. Je regrette juste de n'avoir pu voir aucun des trois leaders de la "vraie" Mil Kil qui sont aux portes de Rodez : Alexandre Forestieri croisé sur la Cannonball 2007, Christian Efflam pour qui j'ai beaucoup d'admiration et Gilbert Codet croisé aux 24 heures d'Aulnat 2007 avec son sourire bonhomme. Au moment de nous élancer, je me dis juste que c'est gars là sont de vrais géants...
Trémouilles km019...
Me voici au sommet de la première vraie bosse du parcours, quatre kilomètres d'ascension sèche dans une alternance de parties ombragées et de soleil. J'y ai doublé doucement Gilles qui menait depuis le départ. Je reste pourtant prudent, marchant une minute très régulièrement, le temps de boire à l'un des bidons à main que je porte. Le ballet des ravitaillements mis en musique par "mon team" a démarré, bien réglé. Je porte déjà ma casquette saharienne intégrale car le soleil matinal brûlant annonce une montée rapide des températures. Tout semble facile. L'allure est très lente, 10km/h voire moins. Je ne m'en soucie pas le moins du monde. Les paysages vallonnés sont superbes. J'embrasse un panorama large de prairies, de bois, de sapins, au loin sur la gauche la cathédrale de Rodez. Je cours seul. Facile. Relâché. Bien. Les tous premiers kilomètres avaient été curieux, mal au ventre, jambes contractées. Je savais pourtant que ça ne durerait pas. Je savais que je finirais par courir dans le plaisir. J'y suis à présent ; solitaire et entouré de gens que j'aime. Je me souviens avoir frissonné d'un bonheur immense en traversant Trémouilles...
Canet de Salars, km030.
Je traverse le village qui s'anime d'un vide greniers. C'est noir de monde. Un monde indifférent en regardant à peine passer un grand maigre qui court avec une drôle d'allure et une casquette bizarre. Dès la sortie du village, la route plus large offre aux locaux l'espace pour exprimer leur talent -discutable- de pilote automobile. Les cons ! Ils me frôlent, klaxonnent, me signifient clairement que je suis sur LEUR espace quasi-vital, la route.
Commence alors la course des pacers. C'est Benoît qui s'y colle en premier. En passant le pont du lac de Pareloup, on retrouve Pascal qui filme de même que Thierry et Gilles, deux amis toulousains, l'un à la caméra, l'autre au reflex. Ils nous ramèneront de superbes images, souvenirs plein de soleil, de chaleur humaine et d'amitié.
L'alternance de marche et de course me ramène à mon ami Jean-Marc, génial instigateur de la méthode Cyrano. Je repense à des foulées partagées avec lui et Jean-Pierre. Je cours multiple, nourri d'expériences...
Sortie de Salles Curan, km040.
C'est l'heure d'un premier vrai repas. A l'ombre, sur l'herbe au bord de la route, je mange du cake salé et du jambon. Philippe et Nathalie comptent et recomptent les calories dépensées, celles que j'ingère. Ils vont ainsi me coacher, veillant à ce que je m'alimente bien. Bien et simplement, en privilégiant le rythme de tous les jours avec une alimentation de base, je vais ainsi avaler des litres de soupe de légumes, du saucisson, du jambon, du pain blanc ou complet, des bananes, des pommes, des compotes, des gâteaux de riz, des gâteaux TUC, des pastilles de Vichy à la menthe... Je vais manger régulièrement des petites quantités, faisant aussi des presque repas aux heures habituelles. Je vais boire de grandes quantités de mélanges d'eau, de St-Yorre, de Coca. De la bière aussi, parce que ça change et que ça me fait plaisir... J'ai une chance folle, tout passe en douceur et j'arrive à ingurgiter tout cela malgré la chaleur.
Voilà, je n'ai qu'à courir. Philippe et Nathalie s'occupent de tout ça, font de la supervision. L'équipe est au top, énorme, notant mes faits, méfaits et gestes, les heures de passages, les heures et les contenus des repas. Des indications précieuses pour la suite...
En repartant, nous nous retrouvons dans une pente régulière. pleine de promesses. Les paysages vont y être beaux, j'en suis sûr. Pour l'instant la bosse est longue, très longue mais ma course est confortable. Je voyage dans le paysage et je parcours le temps sans y penser, sans efforts, répétant sans fin le plus naturel des gestes, la foulée. Une foulée épurée, dépouillée, économe, ronde et bien huilée. Je la perçois, je la ressens. Les bienfaits de la préparation mentale sont là.
Col de Vernhette, km050, alt 1029m.
Je passe le point culminant de la course en 5h27. Je me sens toujours très facile. J'ai fait une bonne montée depuis Bouloc. Le thermomètre aussi puisque la version four est toute proche. La paysage au col est très beau. Petit arrêt ravitaillement, le temps d'une compote et de quelques gorgées d'une célèbre boisson américaine comme dirait Benoît qui refuse de prononcer le nom mais portera des heures durant mes bidons remplis de ce breuvage... Bien fait pour lui !!
En descendant plein pot sur le village de Montjaux, la chaleur monte encore d'un cran. Le sol brûlant renvoie des Watts, façon Death Valley en juillet. Malgré l'usage des glaçons dans le bandana et le port de vêtements adaptés, je ressens les effets de la chaleur. Petit coup au moral, je déteste ces descentes et je sens que celle-ci va s'étirer, s'étirer. Sans fin...
Je fais appel à des images ressources. Je vois les visages, les regards, j'entends les paroles de proches, amis, parents, enfants, collègues. Furtive, insaisissable, cette pensée m'apaise...
St-Rome de Tarn, km 064.
La descente n'en finissait plus, 10, 12km pour sûr, 14km peut être, je ne sais pas mais c'est toujours trop. Trop chaud, trop vite, trop pentu... Dommage, car les vues sur le viaduc de Millau étaient belles. Mais l'air qui remonte de la route brûle les lèvres et la bouche. Les glaçons dans le bandana me rafraîchissent mais fondent à vitesse folle. Après le pont sur le Tarn, je traverse avec Jean-Pierre le village de Saint-Rome de Tarn. La pente à gravir est violente mais je cours aussi relâché que possible. Comme convenu, à la sortie du bourg, je fais un arrêt pour me refroidir à l'ombre. Pas me rafraîchir, me refroidir, vraiment ! J'en profite pour manger un peu. L'arrêt ne s'éternise pas. On repart dans une côte de plusieurs kilomètres. Je me sens déjà mieux, tellement mieux. Je respire bien dans cet air en feu. L'allure est excellente. C'est magique comme sensation...
En haut de la longue ascension, la pente me parait terrible. Jean-Pierre marche à coté de moi. Pas besoin de parler, on finit par se comprendre à nos pas, nos foulées. A quelques encablures du sommet, nous reprenons une course légère. Face à nous, Philipe claque une photo sublime : nous sommes à la rupture de pente, encore à moitié cachés. Nos silhouettes se reflètent sur la route qui se fond en un miroir de chaleur, derrière nous le Parc des Grands Causses, superbe.
Tout en haut, je change de pacer. Après un nouvel arrosage du visage, des bras, des jambes par Nathalie, je repars avec Benoît. C'est là que je croise le parcours des 100km de Millau, au sommet qui domine la plongée sur Saint-Affrique. La route est déserte de coureurs. C'est curieux, presque irréel, il n'y a pas la tente de ravitaillement en haut de Tiergues. Il y a presque 23 ans, j'y faisais mon premier 100 bornes, à 18 ans... Je n'ai pourtant pas le moindre pincement au cœur. Je change... A présent, je rêve de Badwater, de chaleur, de longues lignes droites, de foulées en solitude désertique. Curieusement, ici, je n'en ai jamais été si proche...
Roquefort, km080.
Jean-Benoît Jaouen, l'organisateur, qui nous a rejoint m'informe que j'ai une bonne avance sur le second, une heure environ. J'aime parler avec lui. Il respire la joie d'être là avec nous, la passion de la course. Il nous fournit en bière(s) au passage. Avant de monter vers Roquefort, je m'arrête pour manger un peu de soupe, du saucisson, du pain et boire une bière. La vache... c'est bon ! La chaleur est toujours terrible, le soleil brûlant. On repart rapidement dans une pente raide qui conduit au village, au milieu du flot des touristes. Je me sens bien malgré un bout d'orteil douloureux. Philippe et Nathalie vont prendre pleinement possession de leur rôle. Pas de discussion possible, j'ai beau refuser, ils m'imposent un arrêt. D'un coup de ciseau, le temps d'un rien, Nathalie coupe un bout d'ongle. Je n'entendrai plus parler de cet orteil. Dire que je ne voulais pas me déchausser ni m'arrêter...
Le thermomètre de l'office de tourisme affiche 41°C. Il est environ 17 heures, je viens de courir 80km en 9 heures, un truc comme ça... Quelle importance ? La route se fait pentue. Je cours sans la moindre douleur, dans un équilibre terrible. Je me sens facile. Si facile...
Dans la campagne, vers le km90.
Les tables d'une aire de pique-nique nous tendent les bras. Il y a foule parmi l'équipe des organisateurs sur place. Je décide de m'arrêter, profitant d'une température qui semble décliner. Vingt minutes d'arrêt -c'est peut être un peu trop- pour faire un nouveau repas amical et détendu, me changer, veiller aux petits échauffements sous les bras. Un arrêt pour discuter un peu, prendre le pouls de l'équipe, veiller que tout va bien. Et c'est le cas.
En repartant avec Jean-Pierre, l'allure est loin d'être lente. Après quelques kilomètres, au moment de changer de pacer, je décide de courir seul. J'en ressens le besoin comme un truc quasi absolu. Courir seul et jouir de ces paysages, de ces instants, réaliser que j'ai aujourd'hui autour de moi une équipe merveilleuse, dévouée, aidante et surtout rieuse. Réaliser que j'ai cette chance immense et que ce n'est que le début...
Je ne vois passer ni le temps ni la distance, passant d'émotion en émotion, d'émerveillement en émerveillement, de souffle en souffle, de paysage en paysage. Le pied, total, abrupt, inoubliable...
Sortie de Fondamente, km100, dimanche 19h50 ou pas loin...
Une cote, des lacets, voici la mi-parcours. Arrêt repas, interview pour la caméra de Pascal. En écrivant cela, je me rends compte que je me suis beaucoup arrêté, trois repas en vingt kilomètres à peine, plus de 45 minutes d'arrêt. C'est beaucoup. Trop ? Pas sûr... Je repars en marchant un peu avec Nathalie, le temps de manger un gâteau de riz. Ces quelques pas ensemble me comblent. Je suis infiniment heureux des ces instants avec elle.
Et puis je repars seul dans une magie forestière. Je monde un petit col dans le couchant au milieu des sapins et de l'odeur de résine. Je me sens tellement en harmonie, en paix. Peu après je retrouve la troupe arrêtée dans un hameau digne d'un film de Blier. On s'équipe pour la nuit et Benoît se joint à moi.
Roqueredonde, km117.
A la moitié d'une nouvelle ascension sèche, nous voici sous les lampadaires du village. Je fais un nouveau petit repas. Je repars avec Jean-Pierre en pacer et Philippe en assistant. Nathalie et Benoît filent sur Lodève pour dormir un peu. Jean-Benoît revient sur nous. On discute un peu, lui roulant à vitesse de coureur, lâchant ses informations à vitesse de sprinter...
Avant de basculer dans une interminable descente sur Lodève, la vue sur l'horizon nocturne offre son panorama magique jusqu'aux lumières de Sète et du Mont Saint-Clair. La nuit sans lune est divinement étoilée. L'espace d'une heure, je cours la tête dans les étoiles, au milieu de l'Ourse, sur une voie délicieusement lactée. C'est fou, c'est beau, ça n'a aucun prix. Avec Jean-Pierre, on se l'offre, on s'en goinfre. C'est bon...
Mais la longue descente finit par imposer ses fatigues sourdes dans le corps à en devenir lassitude pour tout mon être. Vivement le bas...
Sortie Lodève, km132, lundi 24, 0h00.
Il est minuit passé. Assis sur une murette à la sortie de la ville, je descends une nouvelle soupe. Je partage une bière offerte par Jean-Benoît avec Jean-Pierre et Philippe. De nouveau, quinze minutes chrono d'arrêt. L'encre de la nuit va nous happer. Je ne suis pas impatient de repartir. Pour la première fois, la reprise de course est moins facile.
Entre Lodève et Lacosta, km 140...
L'arrêt repas à Lodève n'est qu'un lointain souvenir. Philippe va bientôt rentrer sur Toulouse. Nathalie et Benoît qui ont dormi un peu nous retrouvent. Jean-Pierre qui court avec moi peine à éclairer ma nuit d'étoiles. Les idées noires déboulent au galop. Je compte les kilomètres qui restent, je les égraine, interminables... Je ne l'ai pas vu venir. Tout est sur le fil d'un rasoir. Tranchant. Le temps s'étire. Tendu à l'extrême. Les aiguilles ralentissent, n'en finissent plus de se contracter. Mon esprit s'étiole, flanche. Pour la première et la seule fois de la course, je perds pied. Les deux à la fois, en même temps. Je ne sais pas ce que je fais là. Je peine, je doute, j'égrène ces putains de kilomètres qui restent... Longs, si longs... Philippe repart sur Toulouse, ça ajoute à mon vide. Benoît et Jean-Pierre s'activent, me parlent. « Ils » ont du se le dire. De toutes façons, à me voir avec mes yeux de cocker, Nathalie, elle, l'a vu, elle l'a senti, elle l'a compris. Ce ne sont pas seulement ses mots qui me relancent. Son regard, sa présence là, maintenant, pourraient presque suffire. Nathalie trouve le ressort, me couve, me remet la tête à l'endroit. Philippe me serre aussi avant de partir, comme un frère, me faisant promettre de m'accrocher. Changement de pacer, Benoît s'y colle. Je veux repartir en marchant. Ne plus courir. A quoi tout cela rime ?...
Magie de l'esprit. Les efforts faits sous la houlette de François Castell dans le domaine de la préparation mentale portent leurs fruits. En moins de dix minutes, je suis en route dans une recherche de plaisirs et d'équilibres. Corps et esprit s'apaisent, je suis reparti...
Canet, km 160...
Il est peut être 5 heures et demie du mat', sûrement plus, qui sait si ce n'est pas moins ? Depuis Clermont, km 150, la route est dangereuse tout autant que les véhicules, pour ne pas dire leurs conducteurs. Par moment, j'ai peur. Vraiment... Pas autant que Nathalie qui tremble pour nous. Maintenant seule à conduire, elle fait toujours ses arrêts réguliers. Parfois je l'aperçois, garée sur le rond-point suivant, s'activant à coté de la voiture. Quand j'arrive à sa hauteur, je ne trouve que des panneaux. J'ai beau m'alimenter abondamment, fatigue et manque de sommeil sont les plus forts. Durant des kilomètres, mes yeux vrillent et me laissent à mes hallucinations...
Poussan, km 184...
Nathalie a embarqué Jean-Pierre pour boire le café dont elle rêve depuis des heures. On les retrouve assis à une terrasse avec Pascal, Michel, Sandrine, nos deux faiseurs d'images Gilles et Thierry et toute l'équipe d'organisation. Je m'attable avec eux le temps d'un café. Ces instants vont être fantastiques pour moi. D'une simplicité totale. L'amitié, le partage, le respect du coureur pour l'organisateur, le regard de tous sur mon avancée... la course suspend son cours. Ne reste qu'un moment de convivialité et d'amitié. Un moment exclusif d'essentiel. Je savoure la magie des paroles et des regards échangés. Je suis devenu spectateur de la Mini Mil Kil. Cette pause m'a mis à un sommet dont je n'ai plus qu'à me laisser glisser même si les premières foulées deviennent à chaque arrêt plus pénibles.
Sète, km 199,9.
Mes deux pacers ont fait l'ascension du Mont St-Clair avec moi. Jean-Benoit aussi court à nos cotés. Je vois à présent la ligne d'arrivée toute proche. J'aperçois ceux qui, amis, organisateurs, nous précèdent ou nous suivent depuis des heures. Mes jambes sont légères, ma foulée redevient aérienne. Les fatigue semble disparue. Je n'ai pas la moindre ampoule, le moindre souci physique.
Ces dernières foulées sont magiques. L'émotion serre ma gorge. Un monstre de sanglot me surprend. Dans quelques secondes, la magie va cesser. Je ne le sais que trop. Je cherche Nathalie du regard. J'infléchis ma trajectoire pour aller l'embrasser. Restent trois marches à gravir pour atteindre la banderole d'arrivée portée par des sourires. Le slogan m'éclate aux yeux "Soyons réalistes, tentons l'impossible".
Sète, arrivée, lundi 24, 10h34.
Je m'assois sur la murette de pierre. Je suis pris de sanglots. Je suis heureux de cet impossible que j'ai tenté. Je suis triste d'être réaliste, l'aventure s'arrête. Momentanément... Je vois toute mon équipe, là, tout près. Je suis tellement fier d'eux, heureux pour nous. A quoi pensent ils ? Je pense à Philippe et à Kermit qui aurait sûrement aimé ce dimanche de canicule. La magie du corps a pris fin. Mes genoux brûlent, mes yeux piquent, mon corps pèse des tonnes, mes jambes s'ankylosent.
Je suis épaté de ce que l'on a réussi : se tenir à l'objectif de faire une répétition générale de la Badwater. Chacun a joué son rôle de façon exemplaire. Notre slogan prend tout son sens "Objectif Badwater, partageons l'aventure". En équilibres, en harmonie, en amitié. Humainement. Infiniment...
Là, au dessus de la ville de Brassens, sa voix pourrait murmurer "Heureux qui comme Ulysse, a fait un beau voyage..."
(Photos de Philippe Poinot, Gilels Tavernier et Nathalie Toumazou)
Pour aller plus loin...
- Vous trouverez un récit/reportage sur la Mini Mil'Kil (avec des photos de notre aventure et des textes de ma "composition") et sa grande soeur la Mil'Kil dans les pages du n°63 du magazine Ultrafondus, sorti en kiosque fin septembre 2009.
- http://www.openrunner.com/index.php?id=157239 : le parcours de la Mini Mil Kil.