Film "Free to Run" - Plein de bonnes raisons de le voir

Le film "Free to Run" de Pierre Morath est sorti en 2016. J'ai été très ému au long de ce film. Sans doute car il s'agit de mon enfance, sans doute aussi car cette épopée s'incscrit dans un courant libertaire post-68. En tous cas, je sais vous donner plein de bonnes raisons de courir voir ce film.
Il retrace l'histoire de l'essor de la course à pied hors stade à la fin des années 60 et dans les années 70. Traitant de la place des femmes, de la belle histoire de Spiridon, de la multiplaction des marathons, le film offre aussi l'occasion de revoir des images d'époque mais également de redécouvrir les foulées fabuleuses de coureurs de légende, tels Frank Shorter ou Steve Prefontaine.


Le synopsis est déjà alléchant : "Des rues de New York aux sentiers des Alpes suisses, hommes et femmes, champions ou anonymes… Ils sont chaque année des dizaines de millions à courir. Il y a 50 ans, la course à pied était encore considérée comme un acte marginal, une pratique quasi déviante cantonnée aux athlètes masculins et à l’enceinte des stades. « Free to Run » retrace la fabuleuse épopée de ce sport solitaire devenu passion universelle. Le nouveau film de Pierre Morath est un hymne à la gloire de la course libre et de ceux qui la font exister."

 

Si vous débutez dans la course à pied, ces histoires vous sont sans doute inconnues. Ceux qui pratiquaient la course sur route dans les années 70-80 ont connu cette époque bénie où les participants ne consommaient pas de la course à pied, n'exigeaient pas un tee-shirt technique à l'arrivée, ne gardaient pas les yeux vissés sur le GPS, ne se gavaient pas de couvspiridongels et autres poudres miracles et surtout ne passaient pas leur temps à appeler la terre entière au téléphone portable et à faire des selfies. Bref, ils vivaient le présent pour leur seul plaisir de partager avec d'autres ces instants. Courir hors stade, c'est à dire hors d'un cadre fédéral et policé, a un moment relevé de l'acte militant, de la démarche libertaire dans une certaine ligne de 68 pour la France.
Oui, cette époque a existé et je l'ai connue. Oui, je l'affirme, c'était mieux avant !

J'ai aimé ce film incroyablement. Il m'a ému pour plein de raisons.
Parce que moi aussi, j'attendais fébrilement l'arrivée de Spiridon tous les deux mois.
Parce que Noel Tamini, le papa de Spiridon, avait une vision pionnière de la course et un oeil incroyable pour faire des photos N&B qui donnaient à rêver.
Parce que le combat des femmes pour courir avec les hommes ou seulement pour courir plus de 800m aux JO était fort et porteur d'un vrai symbole.
Parce que je me souviens des réunions du logospiridonaquitaineSpiridon Club d'Aquitaine qui se tenaient chez nous et que j'en garde un grand souvenir voire une nostalgie.
Parce que j'ai revu des visages connus -certains aujourd'hui disparus- et que cela a ravivé plein de souvenirs d'enfance.
Parce que -à contre courant de ce que la fédération française d'athlétisme imposait- mon père me faisait courir en endurance, en liberté aussi longtemps que je le voulais.
Parce que 40 ans plus tard, j'éprouve toujours cette liberté et ce plaisir à courir simplement, seulement pour mon plaisir, dans ma rue, la forêt, sur la plage, sans dossard.
Parce que courir est une chose précieuse, un beau geste et les images de Frank Shorter ou Steve Prefontaine le démontrent de façon jubilatoire.

Les lecteurs de feu le magazine UltraFondus ou les plus fidèles de ce site se souviennents sous doute que j'avais écrit sur ces thèmes. Ce film et ces articles se complètent. Alors courez voir ce film et relisez sans tarder "Petite histoire de l’Ultra ou l’éternel recommencement…" ou "100km de Belvès, le château de mon père" .

Et surtout courez, courez simplement, libres et heureux !